Peut-on tolérer toute divergence ?
Question
Un coreligionnaire m’a dit qu’il est convaincu de la conformité de la doctrine des Salafs (pieux prédécesseurs), concernant les Noms et Attributs d’Allah, exalté soit-Il. Par contre, il estime qu’il est inutile de dénoncer l’opinion de ceux qui s’y opposent et m’a dit : pourquoi ne pas tolérer cette divergence comme nous tolérons les différentes opinions dans les questions jurisprudentielles, telle que la question de savoir s’il faut poser les genoux à terre avant les mains lors de la prosternation ou l’inverse ? Que répondre à cette question ?
Réponse
Louange à Allah. Paix et Salut sur Son Prophète.
Les questions religieuses sont variées : le premier type de question regroupe celles au sujet desquelles la divergence d’opinion est tolérable, en l’absence d’argument prépondérant ou de textes explicites, ou autres. Et il y a celles où la divergence n’est pas tolérable dans la mesure où elle est fondée sur des éléments étrangers à l’Islam.
Dans le premier cas, l’opinion divergente ne doit pas être dénoncée et elle n’est pas considérée comme source de schisme doctrinal, de litige, ou de haine fratricide, à l’instar des divergences jurisprudentielles entre les différentes doctrines juridiques. L’Imam Ahmad souligna : « Le jurisconsulte aurait tort d’imposer aux autres ses propres avis relatifs aux questions du credo tant que celles-ci ont fait l’objet de divergences entre les Salafs (les pieux prédécesseurs), toutefois ces divergences sont rares ». De son côté, Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya affirma : « Je suis de ceux qui s’opposent diamétralement au fait de qualifier quelqu’un de mécréant, de pervers ou de pécheur, jusqu’à ce qu’on lui démontre la preuve religieuse irréfutable pesant contre lui, de sorte que s’il s’y oppose, il sera mécréant, pervers ou pécheur. Il est établi qu’Allah, exalté soit-Il, a absous la communauté musulmane des erreurs involontaires, y compris les erreurs dogmatiques et jurisprudentielles. C’est la raison pour laquelle, bien que les Salafs aient divergé sur maintes questions de ce genre, aucun d’entre eux n’a qualifié l’autre de mécréant, de pervers ou de pécheur ».
Le deuxième type regroupe les questions au sujet desquelles la divergence n’est pas tolérable ; il concerne les questions dogmatiques et jurisprudentielles reconnues par l’unanimité des savants. Allah, exalté soit-Il, dit (sens du verset) :
« Et quiconque fait scission d’avec le Messager, après que le droit chemin lui est apparu et suit un sentier autre que celui des croyants, alors Nous le laisserons comme il s’est détourné, et le brûlerons dans l’Enfer. Et quelle mauvaise destination » (Coran 4/115).
C’est au sujet de ce type de questions qu’il est obligatoire de dénoncer les opinions dissidentes. Parmi ces questions figurent les nombreuses dissidences relatives aux fondements de la religion, contredisant le consensus des Salafs, à l’instar, entre autres bid’a-s (innovations blâmables), de l’interprétation injustifiée des sens des Attributs d’Allah, exalté soit-Il, en se tablant sur la raison, et ce, en dépit des textes. Cependant, le dissident ne sera pas qualifié de mécréant, de pervers ou de pécheur, tant qu’on ne lui aura pas démontré la preuve religieuse irréfutable pesant contre lui.
En outre le fait de tolérer cette divergence sans la dénoncer, ni tirer la Vérité au clair mène à une confusion entre la Vérité et le Faux, à une reconnaissance implicite des sectes égarées et de leurs hérésies, et à l’obstruction du devoir de promotion de la vertu et de prévention du vice qui est le nôtre ; ceci a pour conséquence une corruption que personne n’ignore.
Ainsi avons-nous démontré que le fait de dire que la divergence relative aux sens des Noms et Attributs d’Allah, exalté soit-Il, est comparable à celle concernant les questions de jurisprudence, telles que la question de savoir s’il faut poser les genoux à terre avant les mains lors de la prosternation ou l’inverse, n’est pas correct, car les deux cas ne sont pas comparables.
Et Allah sait mieux.