JOSEPH - (YOUSSEF)
JOSEPH - (YOUSSEF)
Joseph est le fils de Jacob (Ya’aqoub) ; A l’image de son père, et contrairement au Coran, il n’est pas considéré comme un Prophète par la Bible, mais seulement comme un personnage biblique. Joseph a fait l'objet d'un récit détaillé dans le Coran qui lui consacre une grande partie de la sourate 12. Il est l'un des douze fils de Jacob et eut une vision qui le prédestinait à être le Prophète de Dieu. En apprenant l'interprétation du songe, son père le mit en garde, contre la jalousie qui ne manquerait pas de s’emparer de ses frères. Effectivement, ceux-ci décidèrent de l'éliminer en raison de la grande affection de Jacob à son égard ; ils rusèrent puis le jetèrent au fond d'un puits. Il fut heureusement sauvé par des caravaniers en route pour l’Egypte qui le vendirent à Putiphar, le grand intendant d’Egypte. La femme de ce dernier essaya de le séduire, mais il résista à la tentation de tromper son maître. Il connut diverses péripéties dans ce pays, avant d'entrer au service du Pharaon en raison de ses dons particuliers à interpréter les rêves (notamment celui des sept vaches grasses et des sept vaches maigres), et se vit confier l'intendance des réserves alimentaires, poste de première importance en raison de rôle l'alimentation dans la vie de tous les jours. Une fois établit dans ses fonctions, Joseph, fit venir son père Jacob et toute sa famille en Egypte ; ce fut l’embryon de la communauté juive dans ce pays, de laquelle allait naître plus tard Moïse, son frère Aaron et les autres Israélites.
Joseph accomplit sa tâche en homme avisé. Il est décrit par le Coran comme un homme juste et vertueux. « Lorsqu’il eut atteint l'âge adulte, Nous le pourvûmes de science et de sagesse, digne récompense des vertueux. » (Coran 12. 22). La Bible reproduit un texte avec beaucoup de similitudes et quelques écarts. Dans l’Ancien Testament, Joseph fait deux rêves au lieu d'un seul, qu’il raconte à ses frères et à son père et ceux-cilui reprochent de vouloir s'élever au-dessus d'eux, pour prendre le destin de la communauté après la mort de leur père.
Le Coran aborde le problème différemment. Il voit au contraire dans la vision de Joseph la continuité de la Faveur Divine accordée déjà aux ancêtres : Abraham, Isaac, Jacob lui-même et Joseph à la suite. Le Coran commente ainsi cet événement : « Joseph dit à son père : « J’ai vu en songe onze astres, ainsi que le soleil et la lune qui étaient prosternés devant moi. » « Mon cher enfant, lui dit son père, prends garde de raconter ton rêve à tes frères de peur qu’ils ne trament un complot contre toi (par jalousie). Satan est l’ennemi juré de l’homme. Ton Seigneur te choisira. Il t’apprendra l’interprétation des songes. Il parachèvera Sa Grâce en toi, en faveur de la famille de Jacob, comme Il l’a parachevé en faveur de tes ancêtres : Abraham et Isaac. Ton Seigneur est Omniscient et Sage. » (Coran 12. 4 à 6)
Cette version est plus plausible que celle qui consiste à voir en Jacob, un père outré par la Grâce divine accordée à son fils. Néanmoins, comme ce dernier avait été présenté par la Bible sous les traits d’une homme rusé et d’un escroc, il était de bon temps, pour rester dans le même registre, de l’affecter de caractères avilissants qui n’entachaient pas sa réputation. Dans la réalité, Jacob ne pouvait prendre ombrage d'un privilège aussi insigne, honorant sa descendance, jusqu’à tramer avec l’aide de ses autres fils un complot contre son fils cadet. Ce ne sont guère des pratiques dont pourraient se gratifier des hommes qui ont été distingués par le Seigneur de l’univers.
Les autres divergences avec le Coran, portent sur le sort réservé à Joseph. La Bible admet qu'il a été vendu par ses frères. Cependant, elle l'affecte d'un caractère dur et cynique. En Egypte, il aurait accusé ses frères d’avoir espionné les points faibles du pays (Genèse 42). Il aurait aussi affamé les paysans égyptiens (Genèse 47), en les dépouillant de leurs troupeaux et de leurs terres et en les assujettissant totalement au pharaon. Comme pour Jacob et d’autres Prophètes bibliques, ces traits d’infamie sont désavoués par le Coran qui oppose les attributs insignes dont sont dotés les Elus de Dieu et Joseph était l’un deux. Il était doux, juste, patient et indulgent. Il pardonna à ses frères leurs intrigues et leur complot et les honora outre mesure. Il hissa son père Jacob, qu’il chérissait, contrairement aux assertions de la Bible, sur un piédestal pour lui rendre hommage. Un tel comportement sied parfaitement à un homme qui a été promu par Dieu, au rang insigne de Prophète. Sans quoi, les générations postérieures ne se seraient pas réclamées d’une ascendance aussi éminente, si elle ne s’était distinguée par ses qualités et son dévouement à la l’Autorité divine.