LES DEGRES DE LA DEMANDE DE PARDON
- Le premier degré : la demande de pardon par la langue.
Elle contient des bénéfices, des profits et des bénédictions. Parmi ces bénédictions : le fait qu'il fait parvenir la demande de pardon au cœur et que, par son biais, l'exaucement du Généreux et Très Pardonneur est espéré…
Parmi ses moindres profits, intérêts et bénédictions, le fait qu'elle soit préférable au silence, et par elle s’habitue celui qui la prononce à la bonne parole et la perpétue. La personne qui persévère à prononcer la demande de pardon est conduite à faire le bien et se défaire du mal, ainsi que de ses causes, et vient à détester le mal et à le réduire. Celui qui dit : astaghfiroullah (je demande pardon) mais sans se repentir, il se peut qu’Allah lui exauce cela en lui pardonnant. Mais nous ne pouvons être informés de cet exaucement, c'est pourquoi son repentir pour nous n'est pas valable.
Ceci étant dit, sache que la personne qui dit « astaghfiroullah », même s'il n'a pas déraciné le péché de son cœur, pratique toutefois une invocation ; et c'est comme s'il disait : « je demande que tu me pardonnes », et ceci est une bonne chose. On espère même qu’il soit exaucé.
Celui qui affirme que ceci est le repentir des menteurs, veut en réalité faire comprendre que ce n'est pas un repentir en bonne et due forme, comme certaines gens peuvent penser. Cependant, ceci est une vérité, car le repentir ne peut pas être concrétisé si l’on persiste à faire le péché. Par ailleurs, la demande de pardon avec la langue, quelle qu'elle soit, demeure une bonne chose.
Cette personne affirme aussi que la demande de pardon prononcée avec un cœur insouciant et sans présence d’esprit, son profit sera limité, et le plus souvent non accepté, comme l’a dit le prophète r :
« Sachez qu'Allah n'exauce pas l'invocation d'un cœur insouciant et distrait. »
L'imam An-Nawawi (qu'Allah lui fasse miséricorde) rapporte que el Rabi'e ibnou Khathiam (qu'Allah lui fasse miséricorde) a dit : « Que l'un d'entre vous ne dise pas : « astaghfiroullaha wa atoubou ilayhi » (soit : « je demande pardon à Allah et me repens à Lui »), car ce serait un péché et mensonge s'il ne le fait pas, mais qu'il dise plutôt : « Allahoumma ghfirli wa toub alayya » (Soit : « ô Allah ! Pardonne-moi et fais-moi repentance. »)
L'imam An-Nawawi (qu'Allah lui fasse miséricorde) répondit ensuite :
« Ce qu'il a dit à propos de la préférence de dire : « Allahoumma ghfirli wa toub alayya » est une bonne chose. Par contre, le fait de réprouver la prononciation de « astaghfiroullah » et d’appeler cela un mensonge, cela n'est pas approuvable, car la signification de « astaghfiroullah » est : « je demande son pardon », et il n'y a pas en cela un mensonge.
Le deuxième degré : la demande de pardon du cœur qui est celle qui produit une belle moisson.
Celle-ci a un fort impact sur l'épuration du cœur de sa souillure, et son profit est abondant et immense. Son utilité, sa récompense et ses intérêts son nombreux et son sujet est noble. Les fruits qui en résultent sont purs et, par son biais, se dissipent les soucis, les angoisses ainsi que les difficultés. De même, par son biais la réalisation des buts et désirs est possible, et par elle, descendent les miséricordes ainsi que les bénédictions. Par elle déferlent les dons et sont repoussés les maux et les calamités, et tout cela se reporte à autrui parmi les créatures.
Le troisième degré : celui des mérites parfaits : la demande de pardon du cœur et de la langue.
Par son biais se réunissent les mérites de l'être humain. Le corps et le cœur s'en trouvent assainis. Elle est source de réussite, de bienfaits, de meilleurs profits et du recueil des bénédictions. Elle est telle l’embouchure d’un torrent qui offre ses dons et ses bienfaits. Par elle descendent le pardon et les miséricordes. Par elle, sont multipliées les bonnes œuvres et répudiées les mauvaises, et s’effectue l’élévation en degrés. Par elle sont purifiées les actions ainsi que les obéissances. C’est la source du bonheur, car par elle s'illumine le miroir du cœur, et s'acquiert la purification totale des péchés et des défauts. Elle est requise pour dévoiler les choses ignorées et pour récolter tout ce qui est demandé. Par elle sont élevés les rangs des aspirants, les degrés des choses désirées, et par elle sont repoussées les calamités et rejetées les catastrophes qui menacent l'ensemble de la création[1].
[1] cf. « jawami'e el istighfârâte el koubra » (p.55).